Le corps des émotions

L’étude de Lauri Nummenmaa nous apporte la preuve scientifique que nous incarnons nos émotions. Nos émotions s’accompagnent de changements corporels plus ou moins fins, plus ou moins perceptibles selon chacun. Les identifier nous permet de prendre conscience de nos mouvements intérieurs c’est-à-dire de notre réponse corporelle à un évènement : alors que la joie rayonne dans tout le corps de manière relativement homogène, la colère active fortement nos poings (et un peu nos pieds), la tristesse génère du repli, la honte nous fait rougir, le dégoût nous donne la nausée.

Or notre réponse corporelle n’est pas toujours en adéquation avec notre raison. Nous avons raisonnablement intégré que nous vivons avec les autres, dans une société qui pose des limites et en même temps nous stimule constamment, nous invitant à nous conformer. Autant de risque de se voir dicter notre conduite plutôt que de nous exprimer singulièrement et fidèlement à nos ressentis ! Prendre conscience de nos émotions et donc de notre réponse corporelle à un évènement est essentiel car c’est nous relier à nous même : c’est donc nous offrir la possibilité de vivre ce que nous voulons dans notre monde alors que les mouvements sont parfois contraires. Constamment nous avons à inventer nos réponses, notre vie !

En psychothérapie, nous partons du principe que nous avons tous des émotions. Elles sont plus ou moins fortes, plus ou moins conscientes. Elles peuvent être différentes en fonction des thèmes travaillés. Notre question est donc de savoir comment elles sont vécues, perçues : comment nous les sentons, les vivons, les écoutons… voire comment elles nous guident à notre insu lorsqu’elles ne sont pas conscientes. Là, notre introspection va permettre de faire émerger nos émotions et aussi leurs absences. En effet, lorsque nous revisitons notre parcours de vie à l’aune de nos expériences, nous réactualisons tous nos sens : compréhension, émotions, sensations (la tête et le corps). Les témoignages en séance, le confirment : « je ne pensais pas que cet évènement m’avait tellement touché ». Le travail apaise les souffrances (désensibilise nos blessures réactives) et affine nos perceptions. Notre corps et notre vie se transforment !

Image Source : Etude de Lauri Nummenmaa , Enrico Glerean , Riitta Hari , Jari K. Hietanen. Actes de l’Académie nationale des sciences janvier 2014, 111 (2) 646-651; DOI: 10.1073 / pnas.1321664111. https://www.pnas.org/content/111/2/646